Il y a neuf siècles, alors que les bénédictins de l'Ordre de Cluny glorifiaient Dieu dans la splendeur des offices et la magnificence des églises, un moine inconnu. Robert de Molesme, proposa de revenir à la stricte observance de la Règle de Benoît de Nurcie : prier loin du monde et vivre du travail de ses mains. Ainsi, le « Nouveau Monastère » de Cîteaux allait devenir un modèle pour une cohorte de « cisterciens ». moines de choeur et frères convers, implantés dans quelque sept cent cinquante abbayes à travers l'Europe, sans compter les monastères de moniales qui s'y rattachèrent. Sous l'impulsion de Bernard de Clairvaux. le plus célèbre des « moines blancs » . le nouvel Ordre devint rapidement la conscience de la Chrétienté, contrôlant le pouvoir politique et mobilisant la féodalité pour la plus grande gloire de Dieu. L'architecture dépouillée des abbayes cisterciennes imposait une nouvelle esthétique à l'art roman, que les maîtres d'oeuvre de l'Ordre portèrent à son apogée, et à l'art gothique naissant, qu'ils contribuèrent à développer dans toute l'Europe. Les domaines agricoles et industriels des cisterciens participèrent également, et avec une grande efficacité, à la révolution technique des XIIe et XIIIe siècles.
Cette histoire et sa traduction architecturale constituent le thème du livre de Jean-François Leroux et Henri Gaud. Mais leur approche de l'univers cistercien ne se limite pas, ainsi qu'on le présente trop souvent, à la seule période médiévale. L'Ordre de Cîteaux est riche d'une histoire continue jusqu'à nos jours, au coeur de l'évolution de l'Église romaine et de la politique des états européens. Les « moines blancs » s'y révèlent des constructeurs exemplaires, s'appropriant les styles de leur temps, particulièrement à l'époque baroque qui leur inspira des chefs-d'oeuvre trop méconnus et que présente cet ouvrage.
Aujourd' hui encore, les vestiges préservés ou ruinés des abbayes cisterciennes attirent la foule des visiteurs. Ce livre propose de donner une signification au patrimoine cistercien que notre époque a reçu en héritage.