« On pourrait déclarer qu'un des objectifs de l'anthropologie est de comprendre le fonctionnement de la « vie en société ». En un sens courant, cette expression désigne la coexistence organisée des humains entre eux. Un sens plus littéral pourrait toutefois lui être donné, en décidant qu'elle renvoie à la manière dont la réalité humaine est façonnée par ses interactions avec les processus vitaux. Un programme s'esquisse alors : reconnaître ce que la vie fait aux humains grâce à l'étude de ce que les humains font à la vie. »
La prise de conscience des effets désastreux des activités humaines sur les équilibres écologiques renouvelle le regard sur les liens d'interdépendance, aussi complexes que fragiles, qui s'établissent entre les organismes et les écosystèmes. La vie et le vivant émergent comme des thématiques centrales dans les sciences de la nature, la philosophie et le monde de l'art. Il est intéressant d'écouter ce que les anthropologues ont à dire à ce sujet, afin de mieux connaître comment les sociétés interagissent avec les êtres vivants, humains et non humains, et conçoivent la vie. Science &Technology Studies, anthropologie de la biopolitique, anthropologie de l'ordinaire et des formes de vie, anthropologie de la nature et de l'écologie : depuis quelques décennies, les approches se sont multipliées pour aborder ces questions. Comment articuler ces options méthodologiques les unes avec les autres ? Comment la vie peut-elle être un objet pour l'anthropologie ? À partir d une lecture d auteurs et d'autrices ayant mené des enquêtes ethnographiques dans des sociétés non occidentales, cet ouvrage propose une première exploration du domaine, en plein effervescence, de l'anthropologie de la vie.