« Les jeunes artistes ont un flair redoutable pour repérer les histoires à bout de souffle », écrit le critique d'art Brian O'Doherty en 1976. Dans le courant des années 1970, les images en mouvement prêtent main forte à un affranchissement : forger une alternative aux ambitions théoriques et politiques dominantes. Gordon Matta-Clark, James Benning et Chris Marker : trois manières de mettre en oeuvre, par le film, une pratique de l'évidement, du négatif, qui veille sur les objets déchus mais précieux. Le support filmique devient, entre leurs mains, la matière d'une expérience critique décisive.
Gagnées à cette énergie, dans leur sillage, des oeuvres contemporaines prolongent ce mouvement engagé depuis les marges. Les films de Tacita Dean, Matthew Buckingham, Clemens von Wedemeyer, Mike Kelley, Gérard Byrne et Jeremy Deller refusent l'embaumement, le confort, la maîtrise. Ils s'installent au contraire dans un échange dense et risqué avec les réalités dont ils décident de se saisir. Chercheurs d'or, les artistes travaillent à extraire, d'une matière trop lisse, les pépites qui résistent à une vision linéaire de l'histoire.