Pourquoi publier en 2008 la traduction française d'un opuscule vieux de trois siècles ?
Tout d'abord parce que Piscium Querelae et Vindiciae n'a jamais fait l'objet de la moindre traduction dans une langue scientifique européenne : ni en allemand, langue maternelle de l'auteur, Johann Jakob Scheuchzer, ni en anglais alors que celui-ci était membre de la Royal Society, ni en français. Or, en raison du naufrage de l'enseignement du latin dans l'enseignement secondaire, en publier une traduction est l'unique façon de le rendre accessible à un large public.
Sa seconde raison d'être est que ce texte est, après le Prodrome de la Dissertation de Nicolas Sténon, l'un des tous premiers à affirmer - et cela avec véhémence - l'origine organique des fossiles en les interprétant comme des restes d'animaux et de plantes qui auraient été victimes du Déluge.
Une raison supplémentaire est, après l'avoir replacé dans son contexte historique, de démontrer une fois encore que le chemin vers ce que nous considérons comme la vérité, n'est pas linéaire. Ainsi, le recours au Déluge, que nous considérons aujourd'hui à juste titre comme un archaïsme criant, permit en son temps de faire progresser les connaissances sans entrer en conflit ouvert avec les autorités religieuses. Cette attitude conduisit à l'émergence d'une théologie naturelle à laquelle le développement des Lumières substitua une science qui s'émancipa peu à peu de la religion.
Loin d'être un plaidoyer en faveur du Créationnisme, cette publication souligne tout au contraire que le recours au Déluge est une attitude rétrograde digne d'un état révolu des connaissances.