Pleine après-guerre ou déjà nouvelle avant-guerre,
la période que content ces six derniers volumes
des Hommes de bonne volonté regorge de périls
que Jerphanion, devenu l'un des hommes politiques
importants de son pays, cerne mieux que quiconque.
Que de hantises devant une paix précaire, la montée
des «bandes» et des totalitarismes ! De nouveaux
venus, les Nodiard et Douvrin, commencent
à soumettre la France à des menées extrémistes fort
inquiétantes...
Temps des refuges aussi, des «oasis» qui attirent
Jallez vers le «tapis magique», temps des bilans plus
ou moins amers que s'impose Jerphanion et atteint
Haverkamp d'une sorte de vertige qui précipitera
sa chute... Quinette meurt à Nice, emportant avec
lui le secret de ses crimes. Tout comme Sampeyre,
adressant, avant sa disparition, un message de paix
et d'espoir à tous ses amis.
Constats, menaces, échecs, disparitions n'empêchent
pas Jules Romains de croire au bonheur, qu'il incarne
dans le couple de Françoise et de Jallez, alliance
de deux générations unies par l'amour, ou encore
dans le dîner amical des ultimes chapitres du 7 octobre,
tandis que l'Europe, décidément fascinée par ses démons,
s'apprête à se déchirer...
Ainsi se referme l'immense panorama de Jules
Romains, rythmé et soutenu par la vision généreuse
et, pourrait-on dire, religieuse d'un rassemblement
aussi vaste que possible de tous les hommes de bonne
volonté.
Olivier Rony