La France ne produirait plus de scientifiques et serait à la traîne dans la compétition technologique mondiale. Ce constat à moitié vrai est assorti d'une explication tout à fait fausse : par dégoût ou par paresse, les élèves fuiraient l'austérité des amphithéâtres de sciences. Sur la base d'une enquête rigoureuse, le sociologue Bernard Convert démonte cette interprétation en trompe-l'oeil. La prétendue désaffection pour les études scientifiques cache en réalité une transformation de l'enseignement supérieur amorcée dès la fin des années 1980. Sous la pression conjuguée des pouvoirs publics et d'une demande étudiante croissante, l'université a privilégié les formations professionnalisées conformes aux exigences des entreprises. Elle fragilise ainsi ses valeurs d'autonomie et de liberté critique, qui sont les conditions du progrès des sciences et des consciences.