« Durant ces jours, les vieux, les malins Lestrygons de Balaklava s'installaient dans les cabarets, roulaient des cigarettes, buvaient un fort café de fèves chargé de marc, jouaient aux dominos, se plaignaient que le temps ne permît pas de sortir et, confortablement assis au chaud sous la lumière des lampes, se remémoraient les antiques légendes contées par les anciens... » Ainsi vivait encore au début du XXe siècle un peuple mythique, descendant d'anthropophages, pêcheurs rivés sur la mer Noire où ils recherchent dans là rudesse et la naïveté nourriture, trésors et signes pieux, quand les touristes sont partis, et que l'auteur seul les côtoie et évoque avec affection dans ce récit de 1911. Attentif, proche des délaissés, Kouprine (1870-1938) dessine dans « La noce » le portrait d'un soudard progromiste posté dans une humble ville du shetl. Émeraude est ce cheval surdoué que l'on soigne jusqu'à ce qu'apparaisse une tare le rendant inapte aux concours. Des pauvres acteurs dans une troupe de fortune ignorant de l'art connaissent une solidarité secrète.