Les mots de passe
Entre 17 et 21 ans, j'ai écrit et publié - outre des proses oniriques d'un ton différent - trois recueils, dont voici l'édition définitive. Le Prix Max Jacob décerné à l'un d'entre eux, Le Temps des autres, a procuré d'emblée une audience exceptionnelle à ces textes jetés comme autant de cris dans l'urgence, la difficulté et la volupté d'être. C'est la poésie saisie à sa source. L'adolescence prise au vol et exprimée dans le temps même de son explosion : un long spasme d'images éclaboussant le réel. Des pluies champenoises aux longues nuits d'écriture dans une mansarde parisienne ; des soleils noirs de la guerre d'Algérie au "feu brûlé" de la passion amoureuse, l'itinéraire de ces quatre années visionnaires continue de rayonner sombrement au coeur des mots : bruit du coeur affolé de solitude entre les barreaux de sa cage, petite fugue de nuit ou d'aube sur des chemins de contrebandiers, aux frontières de l'imaginaire et de l'absolu.
M.A.
"Cette frénésie, c'était celle d'Eluard, encore qu'Alyn ait une résonance moins élégiaque et parfois plus ferme. Cet enfant de l'absurde a un instinct du mot juste qui confond, et que n'entame nullement un besoin inné du mystère. Dire avec netteté l'indicible, c'est plus que de l'habileté ou de l'intelligence : c'est un don qu'en d'autres temps on eût salué du terme de voyance".
Alain Bosquet
"Marc Alyn, ainsi projeté, à vingt ans, au premier rang des poètes, eût pu ne pas s'en relever. Son authenticité l'en protégea. Ce qu'on avait pu ne pas prévoir, c'est l'orientation à la fois magique, épique et mystique que son oeuvre allait prendre. Cette parole dont il avait pris le "chemin" dès la fin de son enfance, il a su la porter à son plus haut niveau avec une audace et une dignité tout exemplaires."
Jean Rousselot
"Marc Alyn n'est pas impunément le premier poète de sa génération. Il paie cher l'accueil du mystère. Je crois que peu d'écrivains, qu'ils soient d'hier ou d'aujourd'hui, auront joué le jeu aussi totalement que lui. Il est pur, parce qu'il est entier. Cette pureté, cette intégrité, transparaissent dans son langage. Elles lui donnent son côté affûté, son mordant. Voyez comme sa poésie attaque, comme elle fend : une hache, un feu ouvrant la neige".
Luc Bérimont