Pan n'est pas mort.
Pour une autre approche de la Nouvelle Droite.
Le néo-paganisme est devenu l'une des caractéristiques importantes de la Nouvelle Droite à partir de la seconde moitié des années soixante-dix. Toutefois, malgré une pléthore de livres engagés sur l'idéologie néo-droitière, l'étude des rapports entre le paganisme et la Nouvelle Droite constitue un champ très peu défriché des sciences humaines. Ces sujets gardent en effet une réputation sulfureuse qui les disqualifie aux yeux de la recherche scientifique.
Leur méconnaissance profonde a contribué à la publication de textes souvent partiels et partiaux. Beaucoup pêchent par des démonstrations confuses et/ou superficielles quand il ne s'agit pas de raccourcis abusifs. Ainsi parmi les erreurs régulièrement commises, la Nouvelle Droite est présentée comme un bloc monolithique alors qu'il existe plusieurs tendances parfois opposées et un éclatement des groupes néo-droitiers depuis la seconde moitié des années quatre-vingts. De même, le néo-paganisme est souvent considéré comme intrinsèquement situé à l'extrême droite. Là encore la réalité est loin de ce postulat : la majorité des néo-païens sont apolitiques. En outre, celui-ci est un environnement complexe car foncièrement protéiforme. En effet, les manifestations du néo-paganisme vont de la pratique religieuse à des constructions intellectuelles philosophico-sociologiques. Enfin la Nouvelle Droite est globalement vue comme fondamentalement païenne : le paganisme définit l'idéologie de la Nouvelle Droite depuis le milieu des années soixante-dix. Cependant, il existe des néo-droitiers catholiques voire tout simplement athées. Surtout, le paganisme n'est qu'une influence, certes très importante, de la Nouvelle Droite : il en existe d'autres comme l'antimodernisme hérité de Guénon ou d'Evola, la Révolution Conservatrice allemande ou le nationalisme européiste par exemple.
Cette étude s'attache à éclaircir les points suivants. Dans une première partie nous revenons sur l'histoire et la nature de la Nouvelle Droite. La deuxième tente une définition et une typologie du néo-paganisme, notamment des formes présente dans la Nouvelle Droite. Enfin, nous nous efforçons dans une troisième partie de réfléchir sur les rapports qu'entretiennent les différentes tendances ou groupes de la Nouvelle Droite avec la notion de paganisme. Le postulat principal, qui est notre grille de lecture, est fondé sur l'idée que le néo-paganisme a joué un rôle fondamental, même s'il existe d'autres références doctrinales, à la fois dans les discours successifs de la Nouvelle Droite et dans les évolutions de celle-ci.