«Mozart, rapporte Da Ponte dans ses Mémoires, me demanda si je pourrais facilement mettre en drame la comédie de Beaumarchais, Le Mariage de Figaro. La proposition me plut beaucoup et je le lui promis... Je me mis donc à l'œuvre, et à mesure que j'écrivais les paroles, il en composait la musique.»
C'est ainsi que deux ans après le succès de scandale qui fut celui de La Folle Journée, Le Nozze di Figaro furent jouées pour la première fois le 1er mai 1786 au Burgtheater de Vienne.
Pour comprendre quel tour de force fut cette miraculeuse transposition, pour goûter la transparence de l'opéra et son insolence libératrice, il faut lire et relire le livret du bouillonnant Da Ponte. On découvrira alors que le Comte et Don Juan pourraient bien être parents, que l'angélique Comtesse se double d'une femme de chair, que Suzanne a des coquetteries cruelles...
L'opéra s'achève. Le retour à l'harmonie des cœurs et du corps social semble triompher. A moins que ce ne soit l'ambiguïté des sentiments, l'indécision des êtres pris dans la vaste machinerie du désir ?
Les Noces, opéra «d'une gaieté supérieure», opéra pessimiste.