La popularité de l'acronyme BRIC (Brésil, Russie, Inde, Chine), forgé en
2001 par l'économiste Jim O'Neill, a largement dépassé les milieux financiers
pour symboliser l'émergence de nouvelles puissances qui ont remarquablement
bien résisté à la crise économique et financière mondiale, et dont le
rôle a été consacré par le G20.
Les BRIC sont en effet avec d'autres grandes puissances émergentes
(Indonésie, Mexique, Turquie, Afrique du Sud) au coeur de ce que l'on
propose d'appeller la «grande convergence», un mouvement séculaire de
rééquilibrage de la puissance et de la richesse, qui met progressivement fin à
la «grande divergence» apparue entre l'Occident et le reste du monde à la
faveur de la première révolution industrielle.
En outre, les BRIC représentent quatre grands pôles géopolitiques alternatifs
aux États-Unis et à l'Europe, dans un monde devenu de facto multipolaire
depuis la fin de la guerre froide et l'échec du projet néo-impérial américain.
En ce sens, leur plaidoyer pour une refondation du multilatéralisme onusien
et des institutions de Bretton Woods vise à adapter ces institutions à la
nouvelle donne internationale, et à assurer leur «émergence pacifique» dans
un monde de ressources rares et d'interdépendances complexes.
Confrontés à de multiples défis, les pays émergents leur apportent des
réponses originales : capitalisme néo-patrimonial et politiques sociales
ciblées, spécialisation internationale et rupture technologique, hybridation
culturelle et réalisme politique. Leur forte croissance offre des opportunités
considérables à condition de savoir décrypter ces enjeux et de replacer leur
émergence dans une large perspective historique, économique et géopolitique.
Telle est l'ambition de cet ouvrage.