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On sait l’histoire de ce forgeron d’Anvers qui aima une jeune fille, et qui devint peintre par la seule force de son amour. L’Allemagne tout entière eut jadis une histoire pareille : c’est par un miracle d’amour qu’elle devint peintre et le resta trois cents ans… Jusqu’à la fin du 13è siècle, l’Allemagne n’a pas eu de peinture nationale. On trouve bien déjà çà et là, dans certaines miniatures et même dans quelques fresques, la marque d’un effort pour secouer les formes byzantines, pour animer d’expressions plus vivantes l’archaïque rigidité des attitudes. Mais si l’on excepte ces tentatives isolées, la peinture, presque toujours cultivée dans les couvents, est restée jusqu’au 14è siècle un art de tradition, sans rien qui lui donne un caractère distinctif. C’est seulement au début du 14è siècle que la peinture allemande est devenue originale, nationale, en devenant laïque. Elle est sortie des couvents pour entrer dans le peuple, et le peuple lui a confié la tâche de traduire les fortes et naïves émotions de son cœur. Aussi bien jamais un peuple n’a-t-il eu à traduire des émotions plus profondes. Vers la fin du 12è siècle, un prodigieux courant de mysticisme laïque s’était répandu à travers les âmes allemandes…
À PROPOS DES AUTEURS
Téodor de Wyzewa, ou Théodore de Wyzewa, né en Podolie le 12 septembre 1862 et mort à Paris le 15 avril 1917, est un critique d'art, critique musical et critique littéraire français d'origine polonaise, également écrivain et traducteur multilingue, considéré comme l'un des principaux promoteurs du mouvement symboliste en France.
De 1885 à 1888, il collabore à la Revue Wagnérienne dirigée par Édouard Dujardin. Il contribue de nombreux articles sur la littérature européenne à la Revue des Deux Mondes, au Figaro et à divers autres revues et journaux. Il publie une série d'ouvrages sur les grands peintres, des monographies sur plusieurs compositeurs, des récits et romans autobiographiques, ainsi qu'un grand nombre de traductions de l'allemand, de l'anglais, du russe, du polonais, du latin, de l'italien et du danois.
Son épouse Marguerite Terlinden (1873-1901) était la fille du peintre belge Félix Terlinden et la belle-sœur de l'historien et critique d'art Pierre Francastel.
Léon A. Dumont fait ses études secondaires au collège de Valenciennes, où il rencontre l'écrivain d'origine allemande Alexander Büchner qui y est professeur. Büchner lui fait découvrir la culture allemande ; ils resteront très liés et publieront ensemble un ouvrage sur Jean Paul.
Dumont s'intéresse d'abord à l'esthétique, avant de se tourner vers la philosophie proprement dite. À partir de 1872, il publie régulièrement dans la Revue scientifique des études sur les grands ouvrages philosophiques publiés en Angleterre et en Allemagne. Il fait connaître en France des auteurs comme Eduard von Hartmann (Philosophie de l'inconscient) et George Henry Lewes.