Paradoxe de la prolepse : dévoiler par avance un événement de l'histoire, c'est risquer de ruiner le suspense ; évoquer allusivement ce qui va suivre, c'est y contribuer. Le traitement des anticipations a toujours été au coeur des débats sur la tension narrative. Lisons les romans d'Ancien Régime, et nous verrons ce paradoxe en action. Au seuil du XVIIesiècle, la prolepse est l'un des artifices par lesquels on suspend l'esprit du lecteur ; un siècle plus tard, elle est chez les pseudo-mémorialistes, qui affectent de négliger suspense et architecture, la marque d'une écriture du coeur. Cet ouvrage analyse le procédé et ses effets. Critiques embarrassés ou lecteurs amusés, nous en suivons les aléas, d'Honoré d'Urfé à l'abbé Prévost.