Les Vendanges du Loubiac
Rien ne prédestinait Léonie Marciac à diriger le domaine viticole familial en Bordelais. Pourtant, tout change avec la mobilisation de son mari en août 1914. Visionnaire, habile et décidée, Léonie se révèle une remarquable femme d'affaires et s'émancipe, au grand désespoir de son époux. Des foires aux vins à l'Europe des palaces, des beaux jours de l'été 1914 à ceux de 1939, quel sera le destin de Léonie, femme de tête et de coeur ? Saveurs des huîtres du bassin d'Arcachon et soupe amère, passions et déchirements, jeunesse et déclin, grands malheurs et petits bonheurs alternent sur les rives de la Gironde et au bord de la mer.
En Bordelais, tous les chemins du coeur et de l'esprit conduisent à un pressoir, a une vigne, a une maison remplie par l'âme du vin.
Au Loubiac, le 30 juin 1914, la pluie avait cessé dès l'aube. Le ciel resplendissait et l'air chargé de senteurs estivales poussait la porte du domaine. De la terrasse, la vue plongeait sur l'admirable perspective du fleuve. La Gironde indolente glissait entre les rives comme un ruban plissé par le sillage des voiliers et des vapeurs qui gagnaient le large. Vers l'amont, après les îles, à la hauteur de Saint-Julien et de Margaux, on imaginait les fumées des usines et des ateliers, l'agitation du port et de la ville de Bordeaux. Pour arriver à la molle ondulation du relief où s'étendait la propriété, la route gravillonnée dessinait quelques lacets, ponctués de maisonnettes qu'occupaient les ouvriers du domaine.