Avant même la fin du Saint-Empire, en 1806, sa constitution
semblait être, aux yeux de nombreux contemporains, un reliquat
du passé. Les grandes cérémonies rituelles de l'Empire comme
les couronnements ou les investitures, suscitaient incompréhension
et moquerie. Et pourtant elles persistaient et continuaient de tenir une
place importante dans les écrits politiques sur l'Empire.
Ce sont ces cérémonies, leur survivance et leur évolution, auxquelles
Barbara Stollberg-Rilinger consacre cette étude dont l'ambition est
de reconstituer, par une enquête d'anthropologie politique, le sens
et la fonction des grandes «solennités d'Empire» ainsi que les conflits
politiques qui se jouaient à travers elles.
Pour comprendre et illustrer ces mutations, Barbara Stollberg-Rilinger
privilégie quatre moments-clefs qui balisent toute l'époque moderne.
Objets d'une «description dense» qui en restitue les logiques les plus
variées, ces rituels sortent ainsi de la marge un peu méprisée où les reléguait
l'historiographie. D'une manière à la fois très vivante et rigoureusement
analytique, ils deviennent un observatoire privilégié pour reconstituer
la spécificité du Saint-Empire, un corps politique complexe, irréductible
à des catégories comme «l'État» et la «souveraineté», et héritier d'une
culture politique de la présence et de la représentation dont les grandes
cérémonies sont la meilleure illustration.