L'art de la mémoire semble avoir complètement disparu au
XIXe siècle. Il ne fait plus l'objet de traités comme au Moyen Âge
et à la Renaissance, et n'inspire plus, apparemment, la littérature
ou la peinture. Pourtant son fantôme rôde encore. La Vie de
Rancé, La Comédie humaine et La Cathédrale se trouvent
reproduire, de manière plus ou moins discrète, une structure
proche des arts de la mémoire médiévaux. C'est peut-être même
là que se situe la clé de compréhension de ces oeuvres - et de
leur réussite. Contrairement à l'idée reçue, il y eut bien quelques
auteurs pour emprunter, au siècle des révolutions, les antiques
voies de la mémoire.