L'amour, l'amitié et la mort, qui parfois se confondent, sont
le fil conducteur de ce recueil. C'est sur le ton de la confidence
que Denis Emorine évoque la mort d'un père toujours présent
dans la mémoire, et la disparition d'êtres proches qui le laisse
inconsolable. Il semble que sa vie se morcelle un peu plus
lorsque celle des êtres aimés s'interrompt à jamais.
Fragmentation destructrice certes puisque les mots trahissent
le poète pris au dépourvu. Que faire de ces mots au goût usé
dont il a perdu le chemin et dont le boulet l'enchaîne en le faisant
trébucher ? Malgré tout, cet enfant fragile cherche à nous
convaincre, et à se convaincre, que les femmes aimées sont éternelles.
De même nous touche cet aveu déroutant : Je n'abjurerai pas la
sève de la vie / Ni l'amour d'une femme.
Cette poésie est sans concession parce qu'elle s'adresse à
notre coeur plus qu'à notre raison.