Ce texte où les mots se font boules volantes et se tirent
hors de l'immobilité pour se déplacer dans la légèreté du
jour, là où les yeux parcourent le ciel et volent à nu dans
l'insaisissable pour avaler le visible.
Et des mots aux yeux, nous sommes dépouillés du poids
de la terre, libérés de la fixité de l'invisible comme propulsés
au dehors de l'immobilité et de la matière, au
dehors de l'animalité.
Ou nous sommes pressés dans la transparence de la
pupille voyante et jetés à vif dans la matière dénudée
comme projetés au dedans de la mobilité et de l'image, au
dedans de l'humanité.
Et le glissement se fait de l'extension contre terre à la
fuite dans l'espace, de l'être figé dans la nuit à l'être mobile
dans le jour : c'est l'arrachement au touchable, l'extraction
hors de la nuit ou le parcours de l'intouchable, le voyage
au creux de l'iris et du visible.
C'est que ce texte, comme la vue, nous concentre tout
entier dans la trajectoire du regard, nous loge tout entier
dans les globes ailés pour nous déplacer tout entier dans
le visible et nous faire tout entier homme.
Noémie Parant