Le titre de ce recueil est emprunté à un poème dans lequel Alain Lévêque évoque la scène de La Flûte enchantée de Mozart où le couple princier traverse les épreuves du feu et de l'eau. « Quel guide tu fais, Pamina, sur les chemins du coeur ! » s'écrie le poète, s'adressant à la jeune fille qui a su dire « non à la peur, oui à la vérité ».
De poème en poème, le lecteur suivra ici un chemin qui, à l'écoute de la voix du poème, cherche de même à conjurer la peur et à saisir le vrai. Ce chemin commence dans le froid de l'hiver parisien et s'achève dans le printemps perpétuel des fresques de la Maison de Livie, à Rome où l'auteur a vécu le sentiment d'être parmi les hôtes d'un « dur paradis » menacé mais persistant, et de boire à « la source de l'ici » qui offre à « la fièvre des visiteurs / rien qu'un élan, rien qu'une musique ».
Que l'espoir soit possible malgré tout, que la musique de Mozart ou les peintures de Véronèse à la Villa Barbaro soient capables d'en réveiller ou d'en cultiver la flamme intérieure, que l'on puisse demander à la poésie une foi dans la vie par-delà la disparition des êtres chers, y compris l'animal de compagnie qui fut l'incarnation même de la confiance en l'être, c'est la leçon de ce recueil. Il culmine en son centre avec un ample « Dialogue des mots et d'un parleur », où se nouent les uns aux autres tous les fils thématiques apparus au fil des pages. Au coeur de ce livre longuement médité, ce texte s'impose au lecteur avec l'évidence des grands poèmes.