À travers une étude révolutionnaire de l'oeuvre de Wittgenstein
sur la logique, les fondements des mathématiques, mais aussi
l'éthique, Cora Diamond, l'une des figures majeures de la philosophie
américaine contemporaine, met en lumière un certain
nombre de confusions de la pensée : sa capacité à produire des
chimères, ou mythologies, caractéristiques de la métaphysique,
du rationalisme tout autant que d'un certain empirisme. Elle
lui oppose une attitude d'attention au détail de nos vies et de
nos pensées. C'est cette attitude qu'elle appelle l'«esprit réaliste»
- lequel n'a plus rien à voir avec des thèses «réalistes»
(ou «anti-réalistes») en philosophie. Dans nos manières habituelles
de voir la réalité, nous imposons nos exigences aux
concepts (par exemple, ceux de «sens» ou de «nécessité») ;
nous nous laissons dominer par notre besoin d'explication et de
simplicité. Cela nous empêche littéralement de voir l'importance
et la place de ces concepts dans notre vie et la manière
dont nous les utilisons. L'«esprit réaliste» devrait nous aider
à cesser d'imposer de telles exigences au réel, à les reconnaître
pour ce qu'elles sont, ce qui constitue autant une démarche
éthique qu'intellectuelle. Ce n'est qu'à cette condition que la
philosophie, pour Cora Diamond, «est libératoire».