D'un point de vue formel, la convergence entre la théorie politique de
Hegel et celle de Hayek est nette en ce qui concerne leur volonté d'élucider
les erreurs du constructivisme social qui entend reconstruire les institutions
sur la base d'un ordre désiré par la volonté humaine. Venus d'horizons
culturels très différents - Hegel de l'idéalisme postkantien, Hayek de l'école
économique autrichienne -, ils proposent, chacun à sa manière, une réflexion
sur les principes de fonctionnement d'une société libre en faisant appel aux
ressources de l'histoire. Leurs démarches apparaissent opposées à celles des
philosophes du contrat. Toutefois, doit-on pour autant conclure à une parenté
d'intention entre la théorie politique de Hayek et celle de Hegel ? Peut-on,
philosophiquement parlant, soutenir que l'empire d'un ordre établissant et
garantissant le respect des règles de juste conduite va de pair avec un
système politique qui place l'État sous l'emprise des mécanismes
autorégulateurs du marché ?
Le présent ouvrage prolonge et approfondit la problématique du premier
volume, Le libéralisme de Hayek au prisme de la philosophie sociale de
Hegel. Économie, Dialectique et Société. Le cadre d'analyse global est
celui d'une confrontation systématique de la théorie politique de Hegel et
du système politique hayékien, à l'encontre duquel l'auteur formule une
critique à partir de la dialectique hégélienne.