« Quelle chose étrange, Taranta-Babu. Peut-être que cette année en Afrique nous apportera la mort avec des fruits aussi doux que tes seins. La mort entrera par la porte comme une fleur de printemps qui imitera un casque colonial... »
Nâzim Hikmet
Grand rénovateur de la poésie contemporaine, Nâzim Hikmet (1901-1963) a connu la chape de plomb du pouvoir en Turquie. Quinze années de prison, la perte de sa nationalité et un exil de douze ans en Union soviétique. Lorsqu'il décède à Moscou en 1963,« le Turc errant » est devenu une figure majeure de la poésie mondiale.
Cet ouvrage paru en 1935, dont seuls quelques extraits ont été publiés en 1936 dans la revue littéraire Commune dirigée par Aragon, était resté inédit en France. Prenant la forme de treize lettres adressées de Rome à Addis-Abeba par un jeune Éthiopien à sa femme, Taranta-Babu, au moment où Mussolini s'apprête à fondre sur l'Afrique, ce texte en vers libres se lit comme un roman d'amour. Le poète y dénonce les défis de l'Histoire et affirme sa vision internationaliste et déjà tiers-mondiste. Plus universel que jamais, il construit ici un lien puissant, instantané, entre les époques.