Aujourd'hui, l'Europe ne se heurte plus à la coalition des souverainismes,
mais d'abord à elle-même. Ce sont les partisans de
l'Europe qui pourraient bien en être les principaux fossoyeurs.
En théorisant la «méthode Monnet», permettre l'avènement de
l'Europe politique par la construction de l'Europe technique, les
Européens les plus convaincus n'ont-ils pas fait reculer l'objectif
final au lieu de s'en rapprocher ? Telle est la thèse paradoxale que
soutient ce livre, qui montre comment l'Europe s'est construite
au prix du dérèglement technocratique et du déficit démocratique,
comment la Commission européenne se dérobe à tout
contrôle politique démocratique et théorise le gouvernement
des experts, comment les politiques européennes méconnaissent
le coeur de l'identité européenne, son modèle social et ses
services publics. L'Europe d'aujourd'hui se dresse contre l'Europe
de demain. Elle menace de se diluer en une grande Suisse,
qui sortirait de l'histoire. Elle pourrait muter, avec la dynamique
de l'élargissement, en préfiguration d'une communauté
mondiale des démocraties. Le mythe de l'Europe fédérale est-il
mort ? Il y a un nouvel espoir. Le Parlement européen, le seul
organe proprement démocratique de l'Union européenne, a désormais
les moyens d'un «coup de force» politique. À lui d'agir.
À nous, la nouvelle génération européenne, de le mandater pour
sortir l'Europe de l'ornière.