Le constat est implacable : le partage des tâches domestiques n'existe pas. Il ne s'agit pas là, nous disent Christine Delphy et Diana Leonard, du seul produit d'une mauvaise volonté des hommes qui profitent de ce travail gratuit, mais plus fondamentalement d'un système d'exploitation et d'oppression.
Ce système dépasse les relations affectives que peuvent entretenir les individu(es) concerné(es). Le patriarcat - et en son sein, le mariage, le concubinage et le pacsage - s'incarne concrètement dans une exploitation domestique. Celle-ci ne s'applique pas seulement au travail dit « ménager » - dont les autrices s'attachent à dévoiler les mécanismes.
Christine Delphy et Diana Leonard proposent ici une approche radicale de la subordination des femmes dans les sociétés occidentales centrée sur la famille en tant que système économique. Elles révèlent que celle-ci constitue un système de rapports de production dont les hommes sont les artisans - politiques, juristes et autres gouvernants - et les bénéficiaires.
Ce sont la structure hiérarchique et les rapports de production entre les membres de la famille qui sont ici mis à jour. La subordination des femmes constitue un cas particulier d'exploitation économique qui ne se réduit pas au capitalisme dominant dans nos sociétés. Exploitation domestique et exploitation capitaliste ne peuvent se confondre même si l'une et l'autre doivent être renversées.
Ouvrage de référence du féminisme matérialiste, L'Exploitation domestique est publié pour la première fois en français.