L'Heure exacte esquisse l'impossible retour à la vie après
l'expérience de la déportation. Jamais Norman Manea
n'oubliera son enfance passée dans les camps de
Transnistrie, son «Initiation» à l'horreur, à la peur, à la
mort, à l'innommable enfin. L'écriture est pourtant un exutoire
par où s'épanche cette blessure qui ne cicatrise pas, un
palliatif au bonheur obligatoire sous le régime du clown des
Carpates, puis à la douleur du déracinement, de l'exil. Une
écriture dense et pudique, qui fait la part belle à l'image et
à la métaphore, touchant à l'onirisme et à l'hallucination :
comme si le petit déporté était désormais incapable d'appartenir
au réel et de réintégrer la vie.