Au XIXe siècle, en Allemagne, l'histoire ne devient pas seulement la discipline maîtresse des «sciences de la culture», elle parvient aussi à leur imposer ses problématiques, dont la discussion structure, dans le dernier tiers du XIXe siècle et la première moitié du XXe siècle, la philosophie, l'économie, la sociologie, la théologie, l'histoire de l'art, la philologie... Le débat sur l'historisme, ou sur les implications de «l'historisation fondamentale de notre savoir et de notre pensée» (Ernst Troeltsch), loin d'être le fait des seuls historiens, devient un axe central de la vie intellectuelle allemande pendant cette période. En 1874, la Deuxième Inactuelle de Nietzsche l'interprète comme une confrontation de la «science» et de la «vie» ; la suspicion à l'égard de la «science» devient le premier objet des «sciences de la culture» allemandes, et rares sont ceux qui, tel Max Weber dans La Science comme métier et comme vocation (1917-1919), prennent le parti de la récuser au nom d'une défense inconditionnelle de la rationalité. L'historien allemand Otto Gerhard Oexle, spécialiste du Moyen Age et de l'historiographie, livre ici la synthèse d'une controverse majeure, qui éclaire les enjeux de bien des œuvres souvent lues, en France, à l'écart de l'histoire qui en a porté la genèse.