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L'Homme précaire est à la littérature ce que La Métamorphose des dieux est aux beaux-arts. Malraux propose d'appliquer à la littérature la périodisation de l'histoire de l'art qu'il avait dégagée pour renouveler notre expérience des œuvres : une première période de figuration d'un surnaturel invisible, objet de prière et de dévotion ; une deuxième, à partir de la Renaissance, au cours de laquelle l'art visait à représenter le monde réel, pour s'approcher toujours plus de l'illusion ; mais plus cette illusion était poussée, plus elle occultait l'acte créateur, qui, dans un troisième temps et grâce à la rupture initiée par Manet, devint désormais l'essentiel. Appliquée à la littérature, cette tripartition en bouleverse notre conception. La fiction est la notion pivot qui permet de distinguer respectivement les trois moments. Elle est, pour chacun d'entre nous, une expérience majeure : parce qu'elle nous fait vivre par procuration une vie, c'est-à-dire un temps autre que le nôtre, elle porte plus loin qu'un simple divertissement.