Faut-il diminuer le niveau de réglementation sur les marchés
de biens et services pour stimuler la concurrence, dans l'idée
qu'une concurrence accrue inciterait les firmes en place à redoubler
d'efforts innovateurs pour conserver ou accroître leurs parts
de marché et permettrait à de nouveaux entrants de contester
les positions établies ? La libéralisation de marchés en amont
favoriserait-elle l'innovation et la productivité en aval ?
Serait-ce la solution pour relancer l'innovation et la croissance
des économies proches de la «frontière technologique» ?
C'est ce que croit le «sens commun».
B. Amable et I. Ledezma examinent de façon critique ces affirmations,
fragiles théoriquement et empiriquement. Les tests effectués sur
l'industrie manufacturière, par exemple, parviennent à des résultats
contraires. Loin de diminuer l'innovation, la réglementation
la facilite d'autant plus que l'on se rapproche de la «frontière
technologique». C'est pourquoi le débat de politique
industrielle et technologique gagnerait à quitter les limites
étroites de la politique de la concurrence pour reconsidérer de façon
plus positive et réaliste l'intervention de l'État.