Libérons-nous !
« Toute ta vie dépendra de l'argent que tu gagneras dans nos entreprises, et tout ton bonheur dépendra des produits que tu achèteras dans nos magasins. » Telle pourrait être la devise attribuée à cette servitude capitaliste qui nous étrangle par la double chaîne du travail et de la consommation.
Libérons-nous de ces esclavages absurdes ! Mais comment ? Par l'instauration d'un revenu universel, attribué sans conditions à tous ceux qui en font la demande et suffisant pour mener une vie décente. Utopie ? Hier oui, aujourd'hui non. Notre niveau de développement produit désormais une telle quantité de richesses que c'est devenu parfaitement réaliste... si la répartition de ces richesses devient équitable.
La vraie question est ailleurs : si nous ne passons plus l'essentiel de notre vie à travailler, qu'allons-nous faire de tout ce temps libéré ? Dès 1930, John Maynard Keynes nous invitait à réfléchir à cette mutation de l'humanité où le « vieil Adam » n'aurait plus à gagner son pain à la sueur de son front, mais devrait apprendre à assumer le vertige d'une liberté entièrement nouvelle. Or nous y sommes. Allons-nous donc être capables de nous consacrer enfin « à nos vrais problèmes, ceux de la vie et des relations entre les hommes, ceux des créations de l'esprit », et aux moyens de « mener une vie judicieuse, agréable et bonne » ?