Les dix articles réunis dans ce volume couvrent dix années d'un cheminement scientifique qui s'inscrit à la fois dans la linguistique historique (du latin parlé aux langues romanes) et dans une réflexion sur la nature du signe.
À partir de textes de l'ancien castillan (XIe-XIIe siècles) jusqu'à la fin du Moyen Âge
(fin XVe - début XVIe), l'auteure retrace l'architecture d'une langue dans son premier état puis, siècle après siècle et comparativement avec la langue française, décrit les bouleversements qui ont conduit à l'espagnol pré-classique. Les conséquences de la déflexivité avec l'apparition de l'accusatif prépositionnel, la réorganisation des pronoms relatifs, démonstratifs et adverbes déictiques ainsi que (dans le domaine verbal) l'auxiliarisation et le « non-respect » de la prétendue « concordance des temps » accompagnent un changement dans la représentation de l'espace et du temps et un recentrage sur le locuteur à l'aube de la Renaissance.
Adhérant à ce qu'on appelle aujourd'hui la linguistique du signifiant, courant de pensée qui met en relation de nombreux linguistes travaillant sur la motivation du signe, l'auteure a fait connaissance de la théorie des cognèmes de Didier Bottineau. L'approche cognitiviste et la priorité accordée à l'interlocution l'ont amenée à rompre avec une conception du signe héritée du structuralisme guillaumien et de son réfèrent extralinguistique. Du doctorat à l'habilitation, son chemin va d'une « linguistique du signe » à une « linguistique du signifiant ».