Série Société
La nature se rebelle et l'ampleur des dérives écologiques déborde l'homme. Alors que plusieurs
milliards d'années d'évolution avaient été nécessaires pour qu'apparaissent la matière, la vie,
l'espèce humaine et ses sociétés, les religions monothéistes ont établi et justifié, pour les
hommes, la conviction d'être « maître et possesseur » de la nature. Cette vision sociologiquement et scientifiquement décalée conduit inexorablement à une future catastrophe écologique
du fait de la puissance déstabilisatrice des impacts accumulés de la technologie contemporaine.
La société mondialisée contemporaine, obsédée par ses désirs d'immédiateté et d'écrasement du
temps se voile la face pour nier l'impuissance de sa technologie à modifier la cinétique des
remédiations naturelles, seules à même de compenser les dérives écologiques de la planète.
Cette inadéquation des temps humains et naturels explose dans un monde inégalitaire, spéculateur et communiquant, où individus et sociétés se comportent comme des insomniaques aux
esprits débordés, incapables de réfléchir à l'avenir de la planète et de l'humanité.
L'homme échoue à reconnaitre la nature. Ricoeur dans le Parcours de la reconnaissance nous
rappelle que la reconnaissance ne représente qu'une étape sur le chemin de la vérité. En effet, si
la connaissance de cette dernière est une condition nécessaire à la justice, elle ne suffit pas à la
garantir lorsque l'éthique est absente. Au XXe siècle, Levinas a établi une condition suffisante à
l'établissement de la justice : une éthique basée sur la prise en compte de l'Autre. Ce livre décrit,
de Ricoeur à Levinas, la recherche des conditions d'existence d'une justice socio-écologique,
basée sur la connaissance et l'humanité dans un monde égaré dans sa course contre le temps.