Dans ce roman épistolaire, Mark Dunn transporte le lecteur sur l'île
imaginaire de Nollop, du nom de l'auteur du fameux pangramme :
«Portez ce vieux whisky au juge blond qui fume»
L'île est un lieu idyllique, où les Nollopiens cultivent les arts et vouent
une quasi-vénération à la langue. Or la chute d'une tuile (celle portant
la lettre «Z») du monument funéraire qu'ils ont érigé en l'honneur
de Nevin Nollop et de son illustre phrase entraîne une séquence
d'événements qui menacent les fondements mêmes de l'État nollopien.
Le Haut Conseil insulaire y voit une injonction à cesser toute utilisation
de la lettre «Z», puis de celles qui tour à tour tombent du monument,
contraignant l'héroïne Ella Minnow Pea et sa famille, ainsi que tout
le reste de la communauté, à vivre en état de siège linguistique. Les
livres sont détruits. Les journaux arrêtent de publier. Les citoyens sont
publiquement fouettés ou mis au pilori, leurs biens sont confisqués
et leur vie ruinée, pour le simple fait d'avoir commis une ou plusieurs
infractions.
Avec l'aide de Nate Warren, un chercheur de Caroline du Sud, les
habitants décident alors de se révolter contre le Conseil et de le
renverser en créant un pangramme encore plus court et donc plus
éblouissant que celui pour lequel Nollop fut élevé à un statut divin.
Mais pourront-ils y arriver avant que le langage et la totalité de la
société telle qu'ils la connaissent ne soient irrémédiablement perdus ?
La réponse pourrait bien être dans ce texte étonnant qui évoque un
exercice à la Perec dans une ambiance orwellienne !