L'Italie, alliée ou victime de l'Allemagne nazie ?
En Italie, comme dans tous les pays européens engagés dans le conflit,
la seconde guerre mondiale a légué un « héritage pervers », fondé
sur l'opposition entre l'Allemagne nazie, démoniaque, fanatisée par
une idéologie barbare, et une Italie victime du fascisme et hostile
à la guerre de Mussolini ; entre les « méchants Allemands », brutes
sanguinaires implacables, arrogants, « des hommes qui ne sont plus
des hommes », et les « bons Italiens », pacifiques, solidaires des
opprimés et des persécutés.
Déjà bien présents dans la propagande alliée, ces stéréotypes
contrastés ont servi de ciment aux fragments de mémoires éclatés
laissés par la guerre : les mémoires des soldats engagés sur le Don
ou dans les sables d'Afrique, des prisonniers italiens tombés aux
mains des Allemands ou des Alliés, des résistants de la première
heure, des civils victimes des rafles et des déportations nazies ou
des viols perpétrés par les troupes alliées...
Après l'armistice du 8 septembre 1943, monarchistes, populistes,
antifascistes de tout bord,... tous participèrent, à la construction du
« mythe fondateur » de la nouvelle Italie qui cherchait à exorciser un
passé embarrassant afin de retrouver sa place dans le concert des
nations et d'éviter ta paix punitive promise à l'Allemagne.
« L'essence d'une nation est que tous les individus aient beaucoup de
choses en commun, et aussi que tous aient oublié bien des choses ».
L'ouvrage pénétrant de Filippo Focardi est une illustration magistrale
de cette phrase d'Ernest Renan.