Tacite (v. 55 - v. 120)
Histoires. Livres III à V
« A l'entrée de la nuit, tout le gros de l'armée flavienne arriva. En marchant sur des monceaux de cadavres et en foulant un sol où le sang ruisselait encore, ils crurent que la guerre était finie et demandèrent qu'on aille droit à Crémone " pour recevoir la soumission des vaincus ou forcer leurs murailles. " Ainsi parlaient-ils publiquement, langage spécieux ; mais à part soi, chacun se disait " qu'une ville sise en plaine pouvait être enlevée d'assaut ; que dans les ténèbres on attaquait avec la même audace et l'on pillait avec plus de liberté ; que si on attendait la lumière, ce serait l'heure de la paix, des prières, et qu'ils n'emporteraient d'autre prix de leur sang et de leurs travaux qu'un vain renom de clémence et de gloire, tandis que les richesses de Crémone passeraient aux mains des préfets et des lieutenants. "