L'artiste multimédia Fred Forest, à l'origine des mouvements de l'art sociologique et de l'esthétique de la communication, lance le concept d'oeuvre-système invisible. Selon lui, l'évolution des connaissances scientifiques et le développement des technologies a des incidences directes sur l'art, la philosophie, la métaphysique, des répercussions sur nos comportements individuels et sociaux, nos modes de pensée et de vivre. Dans le processus irréversible vers une toujours plus grande «dématérialisation» et «abstraction», il en vient à avancer cette idée paradoxale d'une pratique artistique qui consisterait à concevoir et à réaliser des oeuvres qui ne sont plus appréhendées directement par nos sens? Il estime qu'une nouvelle culture est en train d'émerger dans un contexte où les interfaces se multiplient, nous donnant accès à d'autres niveaux de «réalité»... Il utilise même pour désignation de cette évolution le concept d'oeuvre cognitive. Cette culture est celle de l'invisibilité, après des siècles et des siècles d'une culture rétinienne hégémonique. Un art conçu et mis en oeuvre au-delà de ce qui se donne à voir... Des oeuvres qui utilisent les champs magnétiques, les radiations naturelles et artificielles, les ondes terrestres et cosmiques, les nanotechnologies, les images mentales, les recherches et représentations, relevant des sciences de la cognition, voire du paranormal. Enfin, tout ce qui nous renvoie à la notion fondamentale de relation, de système, de complexité, et de mise en oeuvre de créativité distribuée.