A l'occasion d'une forte fièvre, le héros de L'Ordre alphabétique passe de l'autre côté du miroir, dans une dimension réputée délirante. Avec lui, nous sommes projetés dans un univers à la fois cocasse et franchement inquiétant où soudain les livres s'envolent et le langage entre en décomposition. Quand les mots disparaissent, quand se défait ce qui fonde l'homme dans son rapport au langage, le monde devient chaos...
Adulte, Julio sera un convalescent chronique, en proie à cette maladie attrapée lors de la catastrophe imaginaire de son adolescence. Désajusté, étranger à lui-même et aux autres, parviendra-t-il à trouver une issue par laquelle rejoindre la réalité ? Qu'a-t-il vécu pour que le monde lui soit à ce point opaque et qu'il demeure assujetti à l'absurde nécessité de ne devoir jamais «vivre qu'à la limite de la réalité» ?
La conception que Juan José Millás se fait de l'écrivain le situe exactement en ce lieu, sur cette frontière où le réel devient invisible et la fiction tangible.