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Après Ma Ligne 13 et Ça va mal finir, Pierre-Louis Basse publie Ma chambre au Triangle d'or, dernier volet d'une trilogie sociale croisant la fiction et le reportage. Cette fois, le narrateur, victime d'un cambriolage, décide brutalement de quitter sa banlieue - quartier déshérité, voitures qui flambent - pour rejoindre le luxe absolu du VIIIe arrondissement parisien ; sous les toits, au coeur d'un monde presque virtuel, le narrateur renoue avec ces rencontres de hasard et d'amitié : Dragan, le garde du corps nomade attaché aux grandes familles saoudiennes, Amélia, la standardiste du George V qui combat la précarité, Eddy, flambeur ivoirien, dealer mystérieux, Édouard, le voiturier qui vit à Sarcelles et n'en revient pas de tout cet argent ; et puis la solitude, terrible, de ces vieilles femmes transformées par la chirurgie et qui tournent, dans ces trois rues, à la recherche d'un passé perdu… Au bras de son amour, Line, insouciante et libre, le narrateur fait l'apprentissage d'un pays où s'achètent des blousons en croco à 56 000 euros ; où il fait bon vivre dans des appartements de plus de 500 mètres carrés. Au bout du voyage, le narrateur ne parviendra pas à se consoler d'avoir abandonné les siens. Certes, la vie est tranquille dans les beaux quartiers, mais l'on devine aussi qu'un jour ou l'autre la haine et l'envie, de l'autre côté du périphérique, pourraient débarquer à l'improviste. Étrange univers où l'on se damne pour un sac Kelly de chez Hermès, une présence visible au Pershing Hall, une fourrure chez Gianfranco Ferré, une fille pour la nuit à 4 000 euros ; étrange univers où la blancheur domine (pas plus de Noirs que d'Arabes) et le cynisme est roi. Fatigué d'avoir à grimper chaque jour sept étages, le coeur lâche et le narrateur finira par se replier dans sa lointaine banlieue.