Parmi les oeuvres des dernières décennies du siècle, Mademoiselle Giraud, ma femme, publié en 1870, tient une place importante. Adolphe Belot y traite des amours féminines en tant qu'actualité sexuelle et réalité bourgeoise. Il inaugure un nouveau régime du roman, celui lesbien, tout en empruntant certains dispositifs à de multiples genres (érotique, naturaliste, populaire). Hautement scandaleuse pour l'époque, l'oeuvre est un chapitre moderne de la Physiologie du mariage. Elle envisage la relation amoureuse de deux amies inséparables, et elle le fait dans ce moment particulier de l'histoire des idées et des savoirs où les passions saphiques - indicibles et indésirables - sont rejetées à la marge des discours.