Au temps où il eut Max Jacob pour élève à Quimper, Anatole Le Braz (1859-1926) était déjà l'enchanteur qui sut réveiller les mythes endormis, les fantômes oubliés qui peuplent les nuits de la Bretagne secrète. Des plus chatoyants aux plus terrifiants : de la cité d'Ys qui ressurgira un jour de la baie des Trépassés, intacte, avec tous ses clochers, jusqu'aux va-et-vient de l'<>, ce valet de la mort qui se mêle incognito aux vivants. La présence angoissante des chemins creux, des cimetières, des calvaires et dolmens, les <> que colportent les voix du vent, de la mer et de la nuit font de La Légende de la mort chez les Bretons armoricains un monument à la gloire de l'imaginaire breton, une remarquable collection de témoignages sur les rapports de l'homme avec la mort. Au pays des pardons et Les Saints bretons éclairent les aspects magiques que revêt la rencontre du merveilleux celtique et du merveilleux chrétien. On ne passe pas une vie à collecter des contes sans succomber à la tentation d'en écrire soi-même. Les Vieilles Histoires du pays breton, les Récits de passants, Pâques d'Islande, Contes du soleil et de la brume forment un magnifique épilogue à ce recueil, moins réel mais plus littéraire que La Légende de la mort chez les Bretons armoricains.
Francis Lacassin