L'oeuvre de Biljana Jovanovic est étrange. Elle est visionnaire
et prophétique, animée par un désir irréductible de liberté,
engagée dans une relation profonde et intransigeante avec son
environnement humain, social et politique. Elle concentre toute la
complexité d'une écriture théâtrale contemporaine authentique ;
mise à distance à de multiples niveaux, anachronismes et navettes
mythiques fracassantes ou insidieuses de la mémoire collective,
galerie baroque de personnages / philosophes / révolutionnaires,
charge de cynisme et de dérision, de violence et de cruauté...
Qu'elle se déroule dans le quartier stambouliote du terminus de
l'Orient-Express, ou encore dans une prison privée et futuriste
d'une imaginaire et apocalyptique «Région danubienne», c'est
une partition musicale, parcourue par une grande force poétique,
et dont la gamme pourrait bien être «de chair et de sang», ou
encore de «charbons ardents».