Accepteriez-vous que la Constitution de votre pays fige l'état actuel des politiques économiques, sociales, fiscales et commerciales et déclare désormais anti-constitutionnelle toute réforme progressive visant à mieux encadrer le fonctionnement des marchés? Accepteriez-vous qu'elle soit de surcroît quasi impossible à réviser? Assurément non! Voilà pourtant ce que réalise le traité «établissant une Constitution pour l'Europe».
Le seul nom de ce traité est donc une forfaiture: on exploite le label mensonger mais populaire de «Constitution» pour inciter les citoyens à ratifier, à leur insu, un programme politique ultralibéral irréversible. Ce traité consacre définitivement l'avènement d'une société de marché où le culte de la compétition et de l'argent domine tout autre finalité sociale. Il marque ainsi la victoire des ennemis du rêve européen, rêve d'union politique au service de la paix et du progrès social.
Voilà pourquoi, fait unique dans l'histoire, ce sont aujourd'hui des pro-européens convaincus, ceux qui ont toujours dit «oui» à tout, ceux qui comptent sur le progrès d'une Europe solidaire où les citoyens font société au lieu de se faire la guerre, ce sont ceux-là qui se dressent aujourd'hui pour rejeter un traité qui détruit le rêve européen. Voici enfin exprimées les seules bonnes raisons de dire «non»: celles qui fondent le non des pro-européens, et leurs propositions pour une vraie Constitution européenne.