Qui pourrait imaginer que Recep Tayyip Erdoğan, Viktor Orbán, Narendra Modi, Xi Jinping, Vladimir Poutine ou encore Jair Bolsonaro ont eu, sans le savoir, un seul et même maître à penser ?
Jules César nous apprend en effet, depuis la lointaine histoire de Rome, à travers le fabuleux destin d'un apprenti dictateur engrangeant tous les succès, comment on peut pervertir des institutions républicaines au point de faire accepter sans violence un pouvoir absolu.
C'est tout simple : il suffit de se faire habilement le champion du « peuple » en prétendant restaurer sa grandeur et sa dignité ; de dénoncer la démocratie dynastique et d'annoncer des temps nouveaux tout en obtenant le ralliement d'une partie de l'ancienne élite ; de manier l'art de la parole, d'avoir toujours le dernier mot et le sens de la formule ; de raconter de belles histoires, particulièrement celles de l'outsider et de l'homme providentiel ; de déclarer la guerre à un ennemi judicieusement choisi, sans omettre de le réduire au statut de « barbare » et de mettre en scène ses propres triomphes ; de séduire sans être séduit ; de contourner le droit pour mieux régner en maître... D'obtenir enfin une soumission volontaire, parce qu'on paraîtra le seul rempart contre un avenir terriblement incertain.
Ce manuel du parfait dictateur n'a pas fini de faire des émules.