Pour s’en tenir à leurs plus récentes incarnations, ces figures qui ont nom monsieur Teste chez l’un, ou Plume chez l’autre, et plus tard Crab chez encore un autre, ont une fonction bien spécifique : c’est l’écriture, la tentative littéraire elle-même, qu’on envoie marcher dans la société des hommes.
Alors évidemment c’est la société au miroir de l’écriture, et le plaisir qu’on en a. Mais il y a un prix à payer à l’indépendance de cette figure : n’obéissant plus à l’auteur, c’est lui aussi qui passe sur le grill.
Voyez, ici je n’ai employé que des masculins. À la radicalité ou la détermination de l’écriture, ça ne change rien. Mais comment en être sûr, sans justement l’idée qu’un nom au féminin rejoigne les premiers cités ?
Et comme par hasard, la marge c’est l’espace, le blanc, l’écriture par les bords, les ajouts à la vieille bibliothèque de tous.
Voici donc Marge, et les personnages qu’elle-même s’invente et ensuite entrent directement dans son jeu, dont certaine Princesse Apocalypse...
Et nous voilà à revisiter les émissions de télévision littéraires, le statut du poète dans la grande ville, ou même Harry Potter et Walt Disney, qui ne se gêneront pas pour venir croiser Proust ou Chevillard.
Josée Marcotte vit à Québec, et ça s’entend fièrement dans ses histoires : on croise moins impunément l’anglais, les habitudes de l’espace ou de la ville (les « dépanneurs ») ou tel trait linguistique seront un double-fond supplémentaire aux jeux d’écriture. Un peu d’Amérique qui fait du bien.
On vous souhaite bien du plaisir à la découverte : l’acidité et l’insolence se portent bien, ici, dans cette saine trituration des mots.