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De Jules Mazarin (1602-1661), ses contemporains ont tout dit, sur le ton de l’emphase et de l’admiration aussi bien que sur le mode de la détestation et de la moquerie. Aujourd’hui, les historiens veulent en retenir la figure de l’homme d’État, les prouesses du politique, la patience du diplomate, la générosité du mécène et le goût du collectionneur. La réussite de l’homme qui fit venir en France presque toute sa famille, dont ses fameuses nièces, semble ainsi admirable. Pourtant, le personnage déroute dès qu’on le ramène sur les terres italiennes qui l’ont vu naître. Audacieux ou défait dans la négociation, pressé et déraisonnable dans l’action, gauche et passionné dans l’expression, Mazarin, dans ses rapports avec Rome et avec l’Italie, n’est pas toujours celui que l’on attend. Questionner les liens de Mazarin avec l’Italie du Seicento permet de mieux comprendre l’homme : ils nuancent l’action du ministre, ils précisent les espoirs du mécène, ils expliquent la discrétion du chrétien. Son ministériat constitue aussi le chant du cygne, à l’âge moderne, de l’intense dialogue politique et artistique entretenu par la France et les Français avec l’Italie depuis la fin du Moyen Âge. Contempler le visage de Mazarin renvoyé par le miroir italien, c’est enfin revisiter les notions d’identité et de patrie dans l’Europe du XVIIe siècle.