Quatre Grecs d'aujourd'hui dialoguent avec leurs lointains ancêtres, chacun à sa façon. Andrèas Flouràkis, dans Médée en burka, fait revivre l'héroïne d'Euripide, Yànnis Mavritsàkis s'inspire des Bacchantes du même dans Carnage, tandis que Vassílis Ziògas (Philoctète) et Vanghèlis Hadziyannìdis (La maison aux serpents, d'après Les Trachiniennes) revisitent Sophocle. Il a semblé bon de les publier tous quatre ensemble.
Entre Euripide et Flouràkis, Médée a inspiré une bonne vingtaine de dramaturges, dont Sénèque, Corneille, Anouilh, Heiner Müller et Christa Wolf. Chacun a pu choisir parmi les multiples variantes du mythe. Médée ne me pas toujours ses propres enfants, elle se contente souvent du meurtre de son frère, puis de sa rivale, mais c'est évidemment son crime le plus horrible qui a fasciné Flouràkis, comme la plupart de ses prédécesseurs. Avec cette nouvelle Médée, apparue en 2014, la première de toutes à porter la burka, l'auteur actualise délibérément la légende ancienne, mais quoi de plus légitime ? Il y aura toujours des réfugiés, des femmes délaissées rendues folles par la douleur et des familles infestées par le crime. « L'histoire couve, se répète, tourne comme une procession », nous dit l'auteur.