Tempêtes, corsaires, duels, abordages, meurtres et
trahisons, sur fond de Méditerranée : en 1741, dix ans
après Manon Lescaut, Prévost, avec ces Mémoires pour
servir à l'histoire de Malte ou Histoire de la jeunesse du
commandeur de***, embarque son lecteur dans un roman
d'aventures, dont le héros, jeune et riche aristocrate
rêvant de grandeur, renonce à son héritage pour courir
les mers sous la bannière de l'ordre de Malte. Il y trouve
la grande amitié d'un Espagnol naufragé et une passion
pour une très jeune fille dont il fait sa maîtresse, et qu'il
passe son temps à enlever à sa mère, aux pirates, au roi
du Maroc... Le tout pour qu'à la suite d'une variole
défigurante, la grande passion se dégonfle, comme un
ballon crevé. C'est, contre toute attente, au sage
Espagnol qu'il reviendra de mourir d'amour.
Il y a de l'histoire de fous dans ce roman qui met en
scène un univers à la dérive, où l'héroïsme n'est plus de
saison, et qui jette une lumière crue, non sur l'amour,
mais bien sur le mythe passionnel et la manière dont il
autorise l'exploitation sexuelle. À la fois comique et
désespérant, ce récit d'une folie de jeunesse est aussi un
roman noir, où une providence malveillante semble
s'acharner sur ceux qui tentent de sauver quelque
chose de l'amitié et de l'amour.