En 1971 Le Mercure de France intitula Mémoires la réédition collective de trois ouvrages de Francis Jammes: De l'Âge divin à l'Âge ingrât (1921); L'Amour, les Muses et la Chasse (1922); Les Caprices du Poète (1923), parus aux éditions Plon-Nourrit et Cie. Ces récits conduisent le lecteur de la Bigorre natale de Jammes, où il a débarqué le 2 décembre 1868, à la demeure de Maurice et Eugénie de Guérin où le poète fit un pèlerinage en 1906 après son retour à la pratique religieuse. Dans ces pages Jammes se fait chroniqueur d'une époque. Sa mémoire semble sans faille, son style est précis et vigoureux. Il se révèle être un excellent portraitiste. La description des personnages devient souvent une caricature à la Daumier. Jammes se décrit à maintes reprises sans ménagement mais toujours avec une certaine retenue. Il n'hésite pas à parler de Marcel Schwob, Alain-Fournier, Anna de Noailles, Paul Claudel, François Mauriac, Odilon Redon, aussi bien que de ses camarades de lycée et des membres du Cercle d'Orthez. Peu avant sa mort Marcel Proust témoigna à Jammes de son admiration pour L'Amour, les Muses et la Chasse: «Vos Mémoires dans la Revue Universelle ont été, même quand je pouvais à peine ouvrir les yeux cinq minutes par jour, mon lien avec le monde, invisible pour moi mais ressenti par toutes ces géniales images...»