Mes universités
Alexis a seize ans lorsqu'il part s'inscrire à l'université de Kazan. Ses espoirs sont vite déçus : c'est encore une vie d'expédients qui l'attend. Ouvrier pâtissier, avide de savoir, il se mêle chaque soir, chez l'épicier Derenkov, à un petit cercle clandestin enivré d'écrits révolutionnaires. Étudiants dépravés, tolstoïens hypocrites, rêveurs invétérés : tous ne font que troubler son âme.
Pris en amitié par le sergent Nikoforitch, Alexis n'en trahira aucun. Mais, au comble du désespoir, il tente - comme tant d'autres - de se supprimer d'une balle dans le coeur. Il est sauvé par Romas, un activiste ukrainien qui a passé dix ans en Sibérie et qui l'embauche dans sa coopérative agricole. L'attitude hostile des moujiks, l'abrutissement des hommes de peine, l'impuissance des intellectuels qu'il fréquente à Nijni finiront d'en convaincre Alexis : le peuple russe ne mérite pas d'être exalté.
Aux franges de la folie, un premier amour, « si nécessaire à un garçon au coeur froissé par la brutalité de la vie », achèvera son apprentissage en donnant essor à sa vocation d'écrivain.