Pourquoi la tristesse plutôt que la joie ? Quelle est l'énigme de la
mélancolie ? Avec autant de profondeur que de puissance, Claude
Rabant nous invite à ce propos à explorer l'espace entre philosophie
et psychanalyse. Les lectures croisées de Spinoza, Imre Hermann,
Freud, Kierkegaard, construisent ici une nouvelle problématique
autour des figures de la métamorphose : sublimation, traduction et
transfert, qui contribue à renouveler les exigences de l'éthique
psychanalytique.
La première guerre mondiale amène Freud à opposer la pulsion de
mort aux pulsions de vie et à remanier en même temps son analyse
du processus civilisateur. L'auteur démontre la façon dont
s'instaure une dialectique entre pulsion et libido : à la constante
universelle d'une pulsion destructrice qui peut engendrer la
mélancolie, s'oppose le fragile renouveau d'une force vitale, l'Éros.
Par contraste, le deuil devient l'agent civilisateur par excellence. Si
la voie de l'éthique implique une probité à l'égard de soi-même,
c'est que, dans la pratique de ce métier, la pulsion est envisagée
comme outil de sublimation et non comme objet de refoulement.
Enfanter et non pas créer... Faire face à la «superstition psychologisante»
dont Lacan soulignait déjà la dérive dans les esprits...