L'auteur a grandi, aimé, voyagé, dans l'obsession d'un mur qui se dresserait entre le monde et lui. Cet obstacle majeur, tantôt fuyant comme une abstraction, tantôt concret, le conduit à rebâtir son autobiographie par fragments éclatés, chargés de lui renvoyer le reflet de ce qu'il fut autrefois, de ce qu'il est devenu. En chapitres dont la brièveté le dispute à l'angoisse et à l'intensité, il voit des êtres familiers ou épisodiques, il entend les cris des torturés, il attend et il espère. Il est lui-même un mur.
Ces textes sont une quête de sa propre identité, un constat de persécution, d'étouffement et de liberté. L'auteur dresse des décors aussi douloureux qu'inévitables : Auschwitz et le désert du Sinaï, le mur des Lamentations, Bénarès, Kaboul, New York, le Paris de l'Occupation, ou bien d'anonymes chambres d'hôtel, la maison de sa petite enfance. La pudeur de son écriture se confond avec la réserve d'une mémoire extrêmement élaborée. Un tel récit nous offre ainsi le témoignage ponctuel et halluciné d'un homme d'aujourd'hui.